Fernand est parti à la guerre
Bite en avant, fleur au fusil
Mais le retour fut bien amer
Car a laissé pine et fusil
Dans la tranchée sous la mitraille
Au cours d’une grande bataille.
Pour remplacer la chose absente
Et consoler sa douce amante
On lui fournit pièce de bois
Pour faire avec : ce qu’il se doit.
C’était du bois dur d’olivier
Qu’avait taillé le menuisier.
Fernand alors fit des exploits
Car toujours prêt pour son devoir
A sa poulette tous les soirs,
Lui procurait tellement d’émois
Qu’on entendait des cris de joie
Toute la nuit, dessous leur toit.
La chose était de si bon bois
Dure et veinée, de bel aloi,
Qu’entre ses jambes il la garda
La nuit, le jour, sans embarras,
Si bien qu’enfin la fausse pine
En cet endroit a pris racine.
Tant fut choyée par la béguine,
Sous l’édredon, la belle tige
Qu’elle prit bientôt si grosse mine
Qu’à tous les gars elle fit la pige,
Or sur la branche une tourterelle
Vint s’y poser… c’est naturel.
Alors fâchée, la fière épouse,
De la colombe fut jalouse
Et d’un grand coup de sécateur
Coupant l’objet de son
bonheur
Elle fit ainsi un grand malheur
Qui la laissa longtemps en
pleurs.
Le fantassin très humilié
De se retrouver mutilé,
Se retira dans sa maison,
Ayant perdu toute raison
De pouvoir faire son devoir
Quand son aimée venait le
voir.
La Belle alors rangea son
glaive
Puis devant Dieu fit la
prière
De vivre en bonne jardinière
Si de nouveau le beau
gourmand
Repoussait droit sur le
sarment
Lorsqu’au printemps viendrait
la sève.
…………………………….
Ainsi lorsque verdit la branche
Elle oublia toute revanche
Car pour elle, plus que
l’offense,
De l’homme comptait la
présence
Et quand, parfois sur le
rameau
Venait chanter le bel oiseau
Il y avait dans la chaumière
Beaucoup de joie et d’allégresse
Parce que chacun n’avait de
cesse
Qu’enfin Fernand oublie la
guerre.
Jmie (13/04/2010)
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