Frère Joseph
Le
moine était novice, la bergère légère
Qui,
sur ses jeunes épaules, traversait la rivière ;
La
robe relevée et jambes sur ses joues
Elle
rendait au garçon le labeur bien doux.
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Ces
choses se passaient ainsi chaque semaine
En
toute loyauté, sans aucune fredaine
Quand
l’un du prieuré, revenait de l’étude
Et
Marie, du marché rentrait comme d’habitude.
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Tandis
qu’elle lui offrait en fermant ses genoux
Le
meilleur des colliers qu’il n’ait eu sur son cou,
Marie
pensait, assise sur le dos du garçon,
Qu’il
devait être juste et certainement bon.
Joseph
de son côté se demandait, stressé,
Quels
étaient cette fièvre et cet encombrement
Qui
l’étreignaient autant sous son accoutrement
Quand
dessus ses épaules la Belle se hissait.
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Mais
tout à leurs pensées, un soir pendant l’orage
Notre
gentil passeur et son joug délicieux
Chutent
dans le torrent au flot impétueux …
Ils
sortent à moitié nus plus loin sur le rivage
Bure
dépenaillée et robe effilochée
Et
vont se réfugier dans le creux d’un rocher.
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La
tempête redouble d’une violence inouïe
Et
pour se protéger du froid et de la pluie
Tous
deux désemparés se sont si bien serrés
Que
le vent ni la foudre n’ont pu les séparer
Et
ils en oublient même, l’espace du moment,
Tout
ce charivari et ce grand mauvais temps,
Sans
doute même aussi, toute la terre entière…
De
puissantes bouffées chaudes comme l’éclair
Les
brûlent, les étouffent, ils se sentent mourir
Emportés
dans un gouffre qui doucement les aspire ;
Mais
un souffle plus fort, d’une immense vigueur
Les
emmène au sommet d’une telle douceur
Qu’ils
s’endorment enlacés savourant leur bonheur.
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Mais
au petit matin, après une telle nuit
Marie
qui réalise le bonheur et le drame
Qui
ont tant chahuté et son corps et son âme,
Troublée,
désemparée, se rhabille et s’enfuit.
Et
notre moinillon sous le coup de l’émoi
Va
voir son confesseur, lui dit son désarroi
Ce
trouble et cette joie et tout cet embarras
D’avoir
tant enserré la jeunette en ses bras !
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C’est
que vois-tu, petit, lui dit le bon pasteur
Dieu
a donné à l’homme, la force et la vigueur
Et
gratifié la femme de sensibilité…
Il
a voulu ainsi vérifier ton courage
Et
savoir si Marie était une enfant sage.
Tes
bras l’ont protégée des vents tempétueux
Mais
tout en appréciant ton geste généreux,
Elle
en a profité pour se laisser flatter
En
t’entrainant ainsi dans la futilité.
Puis
après la tempête, quand le jour s’est levé,
Épouvantée
sans doute par sa lubricité
Son
âme s’est mortifiée et elle s’est sauvée.
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Il
te faut maintenant revêtir cette bure
Recouvrir
tes épaules, la tête et les genoux
Pour
que sous ce tissu ton esprit se rassure
Car
la trame râpeuse devrait te protéger
De
ces désirs impurs et de tous ces dangers
Qui
guettent les jeunes gens privés de garde-fou
Face
à la tentation du péché de la chair
Qui
pourrait les mener dans le feu de l’enfer.
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L’étoffe
étant si dure et râpeuse, en effet,
Le
garçon ne peut plus de nouveau déposer
Sur
ses épaules rudes et la toile grossière,
Les
cuisses si fragiles de la jeune bergère
Alors
il se contente de lui tenir la main
Afin
qu’elle ne chute de nouveau dans le bain.
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Les
choses vont ainsi, mais la nature aidant
Le
ventre de la fille bientôt s’épanouit
Confirmant
que leurs gestes, cette fameuse nuit,
Ne
furent à l’évidence, pas du tout innocents
Car,
de la jeune fille, le nombril tout rond
Révèle
maintenant sous ses pauvres haillons
La
preuve indubitable du délicieux péché
Que
nos deux amoureux ne peuvent plus cacher.
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Le
moine sous sa bure, notoriété oblige,
Avec
quelques Avé, est vite pardonné
Mais
la fille, arrondie, marquée par le forfait
Comme
Eve, responsable du licencieux litige,
Ne
peut qu’être soumise ou bien abandonnée
Au
joug de ses censeurs qui jugent son méfait
Et
s’approprient son ventre réputé vertueux
Pour
faire croire qu’une vierge va enfanter un dieu !
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Joseph
n’est pas dupe et sait bien que l’éclair
N’était
pas le bon Dieu mais ce puissant élan
Qu’il
a eu dans les bras de la jeune bergère
En
faisant de celle-ci : la mère de l’enfant
Qu’elle
porte aujourd’hui et dont il est le père ;
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Et
lorsque l’enfant nait, faisant fi de l’Histoire
Et
de ces balivernes qu’on voudrait lui faire croire,
Joseph
laisse tomber sa bure carcérale
Puis
endosse un habit de satin et de drap,
Prend
Marie sur son dos, le bébé dans ses bras
Et
traverse avec eux, de nouveau le torrent
Pour
aller vers un monde bien plus sentimental
Où
de bons coups de foudre provoquent bien souvent
Dans
le ventre des filles et au fond de leur âme
Un
tel chamboulement qu’elles en deviennent Femmes
Pour
mettre au monde un jour non pas un petit dieu
Mais
le plus bel enfant………………………….
……………………………celui
de tous les deux !
Jmie
(Noël 2012)
La veritable histoitre de la vie .....
RépondreSupprimerBonsoir JMS,
RépondreSupprimerJolis poèmes et bonne continuation pour votre blog.
Oiseaux-faune.
(pas moyen de mettre mon URL L'URL se termine par une extension de domaine incorrecte?? donc je vais mettre profil anonyme
Cordialement,
Didier.