jeudi 27 décembre 2012

Mon Ami Pierrot


La Lune de tout temps
A subjugué les hommes
Et mon ami Pierrot
Qui le jour la cherchait,
Croyant qu’elle se cachait
Sous les robes des Dames
A voulu le minot,
Bien que tout petit Homme
Mais déjà astronome,
Visiter, l’innocent,
D’un index tendu
La planète inconnue
En fouinant sous la jupe
De sa Tante Lulu…
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D’une main sur les fesses,
Dame n’étant pas dupe,
A calmé vivement
L’impudique phalange
Du pauvre petit ange.
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Mais ayant un grand cœur
Et beaucoup de remords,
Elle a séché les pleurs
Du jeune explorateur
Qui se demande encore :
Qui, de son air battu
Ou de son doigt pointu,
Aurait le plus ému
Les sens très confus
De sa chère Lulu ?


Jmie (01/09/2012)



mercredi 26 décembre 2012

Et si Noël m'était conté...


Frère Joseph


Le moine était novice, la bergère légère
Qui, sur ses jeunes épaules, traversait la rivière ;
La robe relevée et jambes sur ses joues
Elle rendait au garçon le labeur bien doux.
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Ces choses se passaient ainsi chaque semaine
En toute loyauté, sans aucune fredaine
Quand l’un du prieuré, revenait de l’étude
Et Marie, du marché rentrait comme d’habitude.
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Tandis qu’elle lui offrait en fermant ses genoux
Le meilleur des colliers qu’il n’ait eu sur son cou,
Marie pensait, assise sur le dos du garçon,
Qu’il devait être juste et certainement bon.
Joseph de son côté se demandait, stressé,
Quels étaient cette fièvre et cet encombrement
Qui l’étreignaient autant sous son accoutrement
Quand dessus ses épaules la Belle se hissait.
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Mais tout à leurs pensées, un soir pendant l’orage
Notre gentil passeur et son joug délicieux
Chutent dans le torrent au flot impétueux …
Ils sortent à moitié nus plus loin sur le rivage
Bure dépenaillée et robe effilochée
Et vont se réfugier dans le creux d’un rocher.
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La tempête redouble d’une violence inouïe
Et pour se protéger du froid et de la pluie
Tous deux désemparés se sont si bien serrés
Que le vent ni la foudre n’ont pu les séparer
Et ils en oublient même, l’espace du moment,
Tout ce charivari et ce grand mauvais temps,
Sans doute même aussi, toute la terre entière…
De puissantes bouffées chaudes comme l’éclair
Les brûlent, les étouffent, ils se sentent mourir
Emportés dans un gouffre qui doucement les aspire ;
Mais un souffle plus fort, d’une immense vigueur
Les emmène au sommet d’une telle douceur
Qu’ils s’endorment enlacés savourant leur bonheur.
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Mais au petit matin, après une telle nuit
Marie qui réalise le bonheur et le drame
Qui ont tant chahuté et son corps et son âme,
Troublée, désemparée, se rhabille et s’enfuit.
Et notre moinillon sous le coup de l’émoi
Va voir son confesseur, lui dit son désarroi
Ce trouble et cette joie et tout cet embarras
D’avoir tant enserré la jeunette en ses bras !
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C’est que vois-tu, petit, lui dit le bon pasteur
Dieu a donné à l’homme, la force et la vigueur
Et gratifié la femme de sensibilité…
Il a voulu ainsi vérifier ton courage
Et savoir si Marie était une enfant sage.
Tes bras l’ont protégée des vents tempétueux
Mais tout en appréciant ton geste généreux,
Elle en a profité pour se laisser flatter
En t’entrainant ainsi dans la futilité.
Puis après la tempête, quand le jour s’est levé,
Épouvantée sans doute par sa lubricité
Son âme s’est mortifiée et elle s’est sauvée.
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Il te faut maintenant revêtir cette bure
Recouvrir tes épaules, la tête et les genoux
Pour que sous ce tissu ton esprit se rassure
Car la trame râpeuse devrait te protéger
De ces désirs impurs et de tous ces dangers
Qui guettent les jeunes gens privés de garde-fou
Face à la tentation du péché de la chair
Qui pourrait les mener dans le feu de l’enfer.
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L’étoffe étant si dure et râpeuse, en effet,
Le garçon ne peut plus de nouveau déposer
Sur ses épaules rudes et la toile grossière,
Les cuisses si fragiles de la jeune bergère
Alors il se contente de lui tenir la main
Afin qu’elle ne chute de nouveau dans le bain.
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Les choses vont ainsi, mais la nature aidant
Le ventre de la fille bientôt s’épanouit
Confirmant que leurs gestes, cette fameuse nuit,
Ne furent à l’évidence, pas du tout innocents
Car, de la jeune fille, le nombril tout rond
Révèle maintenant sous ses pauvres haillons
La preuve indubitable du délicieux péché
Que nos deux amoureux ne peuvent plus cacher.
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Le moine sous sa bure, notoriété oblige,
Avec quelques Avé, est vite pardonné
Mais la fille, arrondie, marquée par le forfait
Comme Eve, responsable du licencieux litige,
Ne peut qu’être soumise ou bien abandonnée
Au joug de ses censeurs qui jugent son méfait
Et s’approprient son ventre réputé vertueux
Pour faire croire qu’une vierge va enfanter un dieu !
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Joseph n’est pas dupe et sait bien que l’éclair
N’était pas le bon Dieu mais ce puissant élan
Qu’il a eu dans les bras de la jeune bergère
En faisant de celle-ci : la mère de l’enfant
Qu’elle porte aujourd’hui et dont il est le père ;
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Et lorsque l’enfant nait, faisant fi de l’Histoire
Et de ces balivernes qu’on voudrait lui faire croire,
Joseph laisse tomber sa bure carcérale
Puis endosse un habit de satin et de drap,
Prend Marie sur son dos, le bébé dans ses bras
Et traverse avec eux, de nouveau le torrent
Pour aller vers un monde bien plus sentimental
Où de bons coups de foudre provoquent bien souvent
Dans le ventre des filles et au fond de leur âme
Un tel chamboulement qu’elles en deviennent Femmes
Pour mettre au monde un jour non pas un petit dieu
Mais le plus bel enfant………………………….
……………………………celui de tous les deux !

Jmie (Noël 2012)