vendredi 13 juin 2014

La Puce






Désirant échapper aux rigueurs de l’hiver
En passant la saison dans un doux univers,
Une puce frileuse, dans un lit se faufile
Et trouve un nid douillet pour y vivre tranquille
Dans le jardin d’amour d’une Dame coquine
Au gazon aussi doux que peau de zibeline.

L’endroit est des meilleurs et la puce s’endort
Lorsque brutalement survient dans ce décor
Un grossier personnage qui occupant l’espace
Prive le pauvre insecte d’une si bonne place,
En l’obligeant à fuir au fond du matelas
Tant il est effrayé par tout ce branlebas.

Pas si bête la puce qui dès le lendemain
Mitraille de son dard l’indélicate chose
Qui sitôt prend la fuite comme un jeune lapin
Qui d’une volée de plombs aurait reçu la dose,
Laissant rire aux éclats l’épouse qui se marre
De voir le guilleret criblé de toutes parts.

Décidé à chasser la funeste bébête
Qui maltraite ainsi sa belle impertinence
Le lendemain, Monsieur, soulevant la nuisette
De l’épouse surprise par tant d’effervescence,
La tête la première, s’en va à la recherche
Du vilain trublion qui en ces lieux se cache…

Mais la chasse à vrai dire n’est pas vraiment facile
Car entre mont velu et tendres défilés
La puce savamment de partout se faufile
Laissant au poursuivant l’art de gesticuler
En foutant le désordre dans ce joli bocage
Destiné en principe à de plus doux usages.

« Oh Monsieur mon Mari ! Que diable faites-vous !
Je me sens bouleversée, mais pourtant je l’avoue,
Vos gestes cavaliers font qu’en la circonstance
J’apprécie ce regain de votre pétulance
Que vous n’avez hélas, jusqu’ici guère souvent
Manifestée avec autant d’empressement ! »

Les choses vont si bien que Dame en redemande
Ravie évidemment par cette sarabande
Car d’un endroit à l’autre notre conquistador
Visite  des terrains qu’il n’a pas eus encore
La délicieuse idée, jusque là d’investir.
Et tellement réjouie, la Belle alors de dire :
« Ah ! Venez, il est temps de livrer votre amour
Et puissiez vous ainsi m’apporter tous les jours
Autant de complaisances et de si bons détours ! »

Le lendemain, bien sûr, la puce assidue
Permet à la compagne, que fête continue
Car plus l’Homme s’agite contre le ravageur
Et plus la Dame espiègle y trouve son bonheur !
Mais un jour, surprise par le débordement
Causé par l’épilogue de leur chambardement,
La divine bestiole se noie, la malheureuse
Dans les flots déchaînés de leurs amours heureuses.

Quand au petit matin, la bien-aimée, hélas
Constate sur les draps le décès de la garce
Elle décide de cacher l’incident au Mari
Qui repart à la chasse de nouveau dans le lit.

« Oh oui elle est ici », assure la friponne
Qui rusée, sur le lit, gaiement se contorsionne,
« Et là-bas, maintenant…et dessus… et dessous
Bon sang quelle est agile, elle saute de partout ! »
Et jambes au plafond ou bien à quatre pattes
Elle prétend qu’en tous lieux l’impudente la gratte.
Je ne vous dirai pas où la puce allait
Mais vous vous en doutez : là où Dame voulait !
……..
Et depuis ce temps-là, notre aimable chasseur,
Instruit par une puce et sa Femme astucieuse
Apporte tous les soirs à sa vive Amoureuse
Ces petites attentions qui préparent au bonheur…
………………………………………………….
Et quelques sauts de puce valent bien par leur concours
Le meilleur stimulant pour relancer l’Amour.

Jmie (20/04/2012)